Déjà locataire ou encore propriétaire ?

Comment t’est venue l’idée de créer une start-up de location de meubles ?
Lors d’un déménagement, on parcourt souvent la ville à la recherche de meubles abandonnés au bord de la route, auxquels les propriétaires accordaient manifestement trop peu de valeur pour songer à les donner.

Je trouve cela absurde. Nous voulons œuvrer pour la durabilité en consommant moins de ressources, mais pour ce qui est des meubles, qui pèsent lourd en termes de matériau par personne, nous achetons des produits jetables tout juste bons à la récupération de chaleur après quelques années.

Et c’est là que le modèle de location entre en scène ! Le meuble est entretenu car il doit être loué plusieurs fois, et cet entretien un impact positif sur la qualité du meuble. La mise sur le marché de meubles de location plus durables est en effet nettement plus rentable.

Quels sont les défis à relever lors de la mise en place d’un tel modèle de location ?
Les difficultés résident avant tout dans notre objectif consistant à offrir, grâce à un modèle d’économie circulaire, un niveau de vie aussi élevé que celui d’aujourd’hui, mais en consommant nettement moins de ressources.

Cette démarche requiert des connaissances approfondies tout au long de la chaîne de valeur. CIVAG se concentre actuellement sur les principaux critères initiaux suivants :

• Comprendre la production et l’origine des matériaux.
• Sélectionner des produits adaptés à une utilisation et un entretien à long terme.
• Expliquer à la clientèle qu’il existe une alternative avantageuse à l’achat à court terme de produits jetables.

Depuis quand êtes-vous en ligne et comment se passent les débuts ?
Notre site a été mis en ligne le 12 décembre 2020, pile pour le 5e anniversaire de l’Accord de Paris sur le climat. Nous sommes depuis largement soutenus par le secteur et notre écosystème de partenariats se développe même plus vite que prévu. Nous réussissons à trouver des solutions locales, en particulier pour notre activité de service, y compris au niveau du recyclage et de l’upcycling.

De plus, nous sommes fiers d’avoir déjà pu lancer la location de meubles de manière semi-automatisée via notre portail en ligne et de voir notre clientèle satisfaite des meubles loués et de notre qualité élevée de service.

Quels changements sont encore requis pour imposer de tels modèles commerciaux ?
Notre modèle commercial est nouveau et nécessite par conséquent de la patience et un solide travail pour créer de la confiance. Nous souhaitons que notre clientèle soit durablement convaincue de la qualité de nos produits, mais aussi de la fiabilité et de la simplicité de nos services. Enfin, CIVAG signifie Circular Value Generation : notre objectif est donc de créer une valeur ajoutée qualitative plutôt que quantitative.

Une plus grande transparence et des écobilans des entreprises de notre chaîne de valeur seraient par ailleurs utiles. De nombreuses bonnes entreprises locales ne se lancent pas, parfois faute de moyens, dans la commercialisation. Nous souhaitons leur apporter notre soutien. Le changement de mentalité, perceptible aussi bien dans les entreprises qu’au niveau de la légalisation, nous est à cet égard bénéfique.

Ce changement est fondamental pour notre modèle : notre modèle, qui vise à renforcer la maintenance, trouvera-t-il sa place à côté des modèles traditionnels ? Ce sont les clients qui en décideront.

Quel est l’avantage de votre offre pour la clientèle ?
À de nombreux stades de la vie, en particulier entre 20 et 35 ans, on a tendance à acheter des meubles qui ne correspondent pas à nos valeurs et dont la durée de vie ne dépasse pas celle du nouveau logement locatif (deux à trois ans en moyenne d’après nos enquêtes). Nous manquons de connaissances (en matière de planification) quant à ce que l’avenir nous réserve et avons ainsi tendance à acheter des meubles de manière provisoire au lieu de les intégrer définitivement dans notre intérieur.

Or, comme c’est souvent le cas avec les solutions provisoires, les clients auraient à long terme plutôt intérêt, tant du point de vue de la qualité de l’équipement que des coûts, à opter pour un modèle de qualité supérieure comme le nôtre. Cela vaut aussi pour l’ameublement, indépendamment de l’impact positif sur la société et l’environnement.

CIVAG mise spécifiquement sur l’impact positif de la qualité dans le cycle. Notre objectif est que chacun puisse choisir des meubles de qualité tout en conservant une certaine flexibilité, par exemple pour un déménagement ou un remplacement des meubles.

Nous offrons donc la possibilité d’utiliser des meubles durables et de qualité aussi longtemps qu’ils sont véritablement adaptés à l’habitat. Bien entendu, nous pouvons également nous charger de l’enlèvement des meubles, par exemple en cas de déménagement, ce qui évite des dépenses et du stress inutiles.

Quels sont les critères de durabilité qu’appliquent les fabricants de vos meubles ?
En tant que partenaire de CIVAG, le fabricant est tenu de définir avec nous une solution pour l’entretien des meubles. Celle-ci inclut le transport, les réparations, et la disponibilité des pièces de rechange.

De plus, la majeure partie de nos produits est fabriquée dans un bois massif local, et bien entendu issue d’une exploitation durable. Enfin, nos analyses de cycle de vie nous ont permis de constater que l’impact négatif sur l’environnement est en grande partie dû aux transports. Pour s’inscrire dans une approche durable, le bois ne doit pas être envoyé à l’autre bout du monde. Tous ceux qui ont dû affronter le poids et le volume d’un déménagement le savent.

Nous disposons par ailleurs d’un Code de conduite, que nous étoffons précisément à la lumière de notre analyse SDG. Nous souhaitons exposer à nos partenaires toutes les contributions possibles du secteur de l’ameublement aux Objectifs de développement durable des Nations unies et les faire adhérer à cette démarche.