Phare Cradle to Cradle™ à Bâle

Eva Bucherer : Vous avez décidé d’aménager un étage Cradle to Cradle™ (C2C) dans la Messeturm de Bâle. Comment vous est venue cette idée ? Pourquoi Cradle to Cradle™ ?
Katharina Schwiete : L’approche du développement durable de Swiss Prime Site s’appuie sur les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) ainsi que sur les objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unis, l’Accord de Paris sur le climat et la Stratégie énergétique 2050 de la Confédération, Elle implique également notre engagement en faveur de l’économie circulaire.

L’économie circulaire (Circular Economy = CE) peut selon nous réduire de manière significative l’empreinte carbone. Les critères de l’économie circulaire incluent notamment l’absence de substances toxiques. Cet aspect contribue au bien-être des utilisateurs et est particulièrement important dans les espaces intérieurs, qui plus est en période de pandémie.

Le principe Cradle to Cradle™ intègre de notre point de vue les bonnes thématiques : d’une part le cycle biologique, et d’autre part le cycle technique, ce qui permet idéalement de s’assurer que les produits utilisés seront maintenus dans un cycle infini.

Qu’utilise-t-on concrètement ?
Nous avons développé un concept végétal qui contribue de façon avérée à l’amélioration de la qualité de l’air. Nous utilisons ainsi des plantes particulières qui fixent le CO2. Autre exemple : le tapis fabriqué à partir de vieux filets de pêche. Ce dernier n’a pas été collé sur toute la surface, comme c’est généralement le cas, mais posé de sorte à faciliter son retrait. Tous les autres éléments et produits (peinture murale p. ex.) sont également exempts de substances toxiques. Ils sont par ailleurs soit certifiés C2C ou équivalent, le nombre de produits explicitement certifiés C2C n’étant pas encore exhaustif.

Les meubles de bureau sont-ils également Cradle to Cradle™ ?
Oui, ils sont également conformes au principe CE. Il s’agit par ailleurs de meubles en leasing, lesquels poussent le fabricant à maintenir ses matières premières aussi longtemps que possible dans le circuit. Ces meubles sont ainsi de meilleure qualité et plus stables.

Quels ont été les plus grands défis lors de la mise en œuvre ?
Je souhaitais d’abord tester l’idée sous forme de projet pilote. Nous nous aventurions en terrain totalement inconnu, aucun projet similaire n’ayant encore été mené dans ce domaine. L’équipe devait ainsi dans un premier temps acquérir le savoir-faire requis. Compte tenu de nos exigences, le choix des différents éléments ou produits était limité. L’évaluation et le processus de validation ont été difficiles en termes de contenu et très chronophages. Il nous a fallu faire preuve de discipline et de patience.
Tous les acteurs du projet, y compris les entreprises soumissionnaires, ont dû revoir leur approche et réorganiser les procédures de planification et de construction. Nous avons beaucoup appris pendant le processus et apporté la preuve de son fonctionnement.

Quels sont les avantages ? En quoi le client est-il gagnant ?
Les avantages sont évidents : tous les matériaux utilisés sont exempts de substances toxiques, et il est avéré que l’atmosphère ambiante est plus saine. Les participants au test et les actuels locataires de l’étage l’ont unanimement confirmé.
Un aménagement locatif selon le principe CE a ainsi été réalisé pour la première fois en Suisse. Nous exploitons à présent le savoir-faire acquis pour les autres travaux de construction de la Messeturm, et faisons ainsi entrer le « phare » architectural de Bâle dans une nouvelle ère.

Ce projet a-t-il donné lieu à d’autres conclusions intéressantes ?
L’aménagement de la Messeturm nous a permis de prouver qu’un agencement locatif de qualité et adapté au groupe cible peut être réalisé de manière durable. Nous avons par ailleurs pu respecter tous les délais et prévisions financières, un aspect non négligeable dans le secteur immobilier, et avons même parfois été plus vite et en deçà du budget prévu.